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Italie : héritage et patrimoine

Adèle Mignen-Garrette


L’Italie est depuis l’Antiquité le siège de trésors artistiques et culturels. D’autant plus que des villes comme Rome, Florence, Venise, Sienne, Pise ou Naples, sont universellement connues pour être des galeries d’art à ciel ouvert.


Ce n’est pas un hasard si ce pays dispose du plus grand nombre de biens artistiques et de documents inscrits au Patrimoine mondial de l’Humanité par l’UNESCO. Il y a en effet 55 sites italiens classés sur la World Heritage List. De plus, parmi les Sept Merveilles du monde moderne on trouve le Colisée de Rome datant de 70 après JC qui fut le premier à être inscrit sur cette nouvelle liste.


Ce pays fut le pionnier et apporta une contribution essentielle à l'art et à l'architecture en Occident. L'art italien puise ses racines dans les traditions esthétiques classiques issues notamment de la civilisation grecque. A fin du IVème siècle, le christianisme devient religion d’Etat et l’Empire est partagé. Rome qui selon la mythologie est le fruit de la création de Romulus et Remus, devient le siège de la papauté et se proclame capitale de l’Empire d’occident.


L’Italie est l’un des plus grands foyers de l’art et de l’architecture en Occident. Une formation en Italie fut longtemps une étape obligatoire dans le parcours d’un artiste qui souhaitait maîtriser les nouvelles techniques mises au point dans la péninsule.

Les sociétés de la Renaissance par exemple, apportaient beaucoup d’importance à l’art et au retour des bases artistiques antiques. Le rang social d’une personne se traduisait alors par ses actions de mécénat, ce qui fut notamment le cas de la famille Médicis, et par la qualité des œuvres possédées. Le Vatican, quant à lui, voulant impressionner ses contemporains, a également longtemps utilisé l’art italien comme vitrine et illustration de la beauté et grandeur de Dieu sous toutes ses formes.


De nos jours, l’Italie représente une civilisation pérenne mais aussi un art répondant à des règles classiques. Toutefois l’art italien ne se résume pas seulement aux inventions de Vinci, aux fresques de Michel-Ange, aux toiles de Botticelli, aux compositions de Vivaldi ou aux sculptures de Donatello. Cela englobe aussi des réalisateurs de cinéma comme Bertolucci, Fellini ou Visconti et des écrivains comme Umberto Eco ou Primo Levi, figures d’une Italie plus moderne.


L’identité nationale est représentée aussi par son patrimoine. Le riche patrimoine artistique de l’Italie englobe les créateurs de ces œuvres, que ce soit les auteurs, peintres ou réalisateurs.


Le fait que Jules César soit à l’origine d’une politique nouvelle, que Dante Alighieri soit le père de la littérature européenne, que le navigateur Christophe Colomb soit explorateur l’explorateur des Amériques et que Guglielmo Marconi soit Prix Nobel en 1909, compose également ce patrimoine. L’histoire d’une culture provient de critères communs et il en découle une fierté d’appartenance à ce pays.


En 1870, Rome est proclamée capitale du royaume, toutefois les difficultés économiques de la période provoquent une vague d’émigration massive vers l’Amérique. Le sentiment national italien naît réellement après l’arrivée de Napoléon au XIXème siècle, qui va avoir pour conséquence la création d’une unité administrative et juridique. Le pays connaît un véritable boom économique et culturel dans les années 1950 et rejoint le club fermé des grandes puissances, bien que le déséquilibre Nord-Sud demeure à l’intérieur du pays.


L’Italie compte en 2019, 60 millions d’habitants avec une langue officielle, l’italien, parlé par 87% des Italiens et de nombreux dialectes issus du latin : sicilien, frioulan, vénitien, sarde, etc. L’unité nationale relativement récente engendre des identités régionales fortes et chaque ville ou village fête son Saint Patron et célèbre ses propres fêtes.

La production artistique italienne florissante au cours des siècles a eu l’effet de ce qu’on appellerait maintenant le « soft power ». En effet, ce qu’on traduirait en français par la manière douce ou le pouvoir de persuasion, est la mobilisation des ressources d’un pays à des fins politiques, diplomatiques et culturelles. La culture est une vitrine prestigieuse pour un pays et joue un atout indéniable, ce à quoi aspirent de nombreux pays européens.


Dès 1947, l’Italie inscrivait dans sa constitution : « La République poursuit le développement de la culture et de la recherche scientifique et technique. Elle protège le paysage et le patrimoine historique et artistique de la nation ». Le développement culturel du pays fait partie de l’identité même de cette nation mécène des arts.

Les œuvres d’art créées depuis des millénaires sont des témoignages des civilisations et ont permis de comprendre la place majeure des arts dans la culture italienne. L’art italien met en effet au centre de la vie les créations humaines en prônant l’équilibre de l'homme et de la nature.


De la chute de l'Empire romain jusqu'à la création de la nation italienne au milieu du XIXe siècle, de nombreux conflits politiques ont vu le jour. Ainsi l'existence d'un héritage classique commun à l’ensemble du pays et la place centrale de l'Église catholique romaine ont conduit à une certaine unité de style et de technique.

L’art et le pouvoir sont en outre des notions proches et complexes. L’Église et la société italienne engendraient des codes spécifiques à l’art. Tous les modèles et représentations n’étaient pas permis par l’Eglise tandis que les œuvres littéraires, musicales et picturales devaient refléter le mode de vie. Quatre-vingt-cinq pour cent de la population de l’Italie, centre de l’Eglise d’Occident, est catholique.


Le mot « dionysiaque » est souvent utilisé pour décrire la culture italienne, terme provenant de la mythologie, cela signifie allier le culte religieux et l’hédonisme. Côté art de vivre, le rôle social que jouent les rues et les places est indéniable ; elles deviennent au fil des siècles le lieu principal de rencontres comme on peut le voir dans divers tableaux. Les images sont des documents complexes et représentent des mises en scène de cette manière une œuvre picturale est à l’image du lieu de création et inversement.


Après la Seconde Guerre Mondiale, l’Italie connaît un tournant avec l’âge d’or de son cinéma de 1950 à 1970, avec ensuite le développement de l’audiovisuel avec la démocratisation du poste de télévision. La tradition sociale et critique de l’art italien se perpétue ainsi et les références communes se développent au sein d’un pays en transformation. Les arts italiens sont aussi un miroir de la société, par exemple le film La vita è bella de R. Begnini, révèle la dédramatisation des événements grâce à un optimisme qui prime sur le tragique de la situation.


Ce qu’on appelle aujourd’hui le « made in Italy » est un gage de qualité et participe à la renommée internationale de l’Italie (Ferrari, Maserati, Lamborghini, Prada, Fendi, Dolce e Gabbana, Gucci, Benetton, Versace, Parmalat, Armani). Toutes ces marques utilisent les codes de l’art de l’art italien que ce soit par l’utilisation d’images mythologiques ou des principes de symétrie et perspective.


Si l'Italie est devenue le pays de la mode, du design et de la décoration d'intérieur, elle n'en demeure pas moins un pays de grande tradition artisanale, où chaque région cultive ses spécialités régionales (cafés, huiles d’olive, vins, tissus, céramiques, pierres).

La démocratisation et vulgarisation des arts dès les années 1970 en Italie a permis la création de divers programmes dans le pays. Cela a eu pour but d’atteindre de nouveaux publics et lieux où l’art est moins accessible.


Les Italiens sont attachés à une culture populaire qui regroupe divers thèmes récurrents comme la gastronomie, la famille, le patrimoine historique, les domaines sportifs et cinématographiques. Selon les chiffres officiels, l’Italie compte 95000 églises inscrites aux monuments historiques, 36000 bibliothèques, 20000 centres-villes historiques, 5600 musées, 1500 couvents.


La conservation et la valorisation du patrimoine culturel sont donc des objectifs dans la production de richesses et d’emplois. Le tourisme culturel en Italie représente, en effet, plus de 10% du PIB. Giuseppe Conte a déclaré en septembre 2019 que « l’investissement dans des entreprises culturelles et créatives et l’élargissement de l’accès aux pratiques culturelles" doivent être des priorités pour le pays.



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