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La Renaissance italienne et l’influence de Michel-Ange et Raphael

Hadrien Glaser


L’Italie est riche en histoire et en culture. Elle n’a cessé d’être à travers les époques un pôle autour duquel peintres, sculpteurs, musiciens, ou encore architectes n’ont cessé de converger. Ainsi, non seulement pouvait-on retrouver, à partir du XV siècle et longtemps après, des artistes des grandes villes italiennes, comme Venise, Florence, Milan, et des plus petites, notamment Sienne ou Bologne ; mais également, des artistes venant de l’Europe entière. L’intention est double. D’abord, une perspective d’inspiration de la richesse culturelle et artistique en matière d’art de l’Antiquité. Ensuite, par nécessité de confrontation avec l’art de la Renaissance italienne qui s’est imposé grâce aux grands maîtres italiens comme un point de référence incontournable pour tout artiste du XVIe siècle et après.

Ce flux migratoire constant d’artistes à permis de nourrir le développement de l’art et de ses idées, notamment en ce qui concerne la Renaissance. Un élément a joué un rôle décisif : le mécénat.

Dans la florissante ville de Florence, à la fin du XIVe et au début du XVe siècle, les artistes prospèrent sous l'autorité officieuse de la famille Médicis. Cosimo de Medici (1389-1464), banquier du pape, se consacre au mécénat artistique, une ambition poursuivie par son petit-fils Lorenzo (1449-1492). Alors que le premier sponsorise des projets tels que la coupole de Brunelleschi (1377-1446) pour la cathédrale de Florence, le second commande des œuvres d'art à des maîtres tels que Léonard de Vinci (1452-1519), Sandro Botticelli (1445-1510) et même Michelangelo Buonarotti (1475-1564). L'économie florissante de la ville et son gouvernement "démocratique" ont favorisé une production artistique plus libre à une époque où il était nécessaire de s'écarter des valeurs médiévales. La Grande Peste et les conflits religieux entre l'Église catholique et l'Église protestante - qui donneront plus tard naissance à la Réforme et à la Contre-Réforme - ont fait naître le besoin collectif d'une transition vers des valeurs humanistes, en d'autres termes une renaissance de la pensée suivant les enseignements de l'Antiquité. Les artistes ont joué un rôle crucial dans la diffusion des idées de la Renaissance, à la fois par le biais de traités théoriques - comme ceux d'Alberti - et visuellement, par des œuvres d'art incarnant les enseignements de l'Antiquité aux côtés des nouveaux concepts de la Renaissance.

Deux artistes ayant vécu à Florence durant cette période ont fait partie de ce flux migratoire et ont eu un immense impact sur le développement de la Renaissance à Rome et dans le monde entier: Michel-Ange et Raphaël.

Fondamentalement distincts dans leur style de peinture mais aussi dans leur personnalité, Raphaël et Michel-Ange comptent parmi les peintres les plus importants qui ont façonné la Haute Renaissance de la fin du XVe siècle et du XVIe siècle. En tant que principaux artistes italiens de l'époque, n'ayant d'égal que Léonard de Vinci (1452-1519), ils étaient très connus et constituaient une source d'attraction permanente pour les artistes de toute l'Europe. Considéré comme un rival, Raphaël était connu pour sa superbe utilisation des couleurs, l'expression gracieuse de ses figures et l'ingéniosité de sa composition. D'autre part, Michel-Ange était connu pour sa puissance créatrice, qui se manifestait dans son étude approfondie de la nudité. Les muscles et les corps sont représentés dans diverses poses, souvent en contorsion. Il a ainsi pu rendre le mouvement d'une manière unique, comme il l'a fait dans sa statue de marbre David ou dans la représentation des personnages de la chapelle Sixtine. Leur opposition s'est renforcée jusqu'à leur mort. Raphaël et Michel-Ange étaient considérés respectivement comme : "l'apollinien et le dionysiaque, le raisonné et l'inspiré, le contenu et l'incontrôlable"[1]. L'art de Raphaël et de Michel-Ange, mais aussi leur influence sur les contemporains, peuvent être considérés comme diamétralement opposés. Michel-Ange a eu un effet immédiat sur les artistes du sud et du nord, mais aucun n'a pu véritablement suivre les pas de l'artiste, car sa puissance créatrice n'était pas quelque chose d'imitable. En revanche, le style de peinture de Raphaël, plus harmonieux et équilibré, était considéré comme "mis à portée de main"[2]. Les peintres trouveraient, dans les traditions classiques imitées dans la peinture de Raphaël, quelque chose de rassurant et d'inspirant. Selon Vasari, "c'est en effet grâce à [Raphaël] que les arts, la coloration et l'invention ont tous été portés à une telle perfection qu'on ne peut guère s'attendre à d'autres progrès, et il est peu probable que quelqu'un le surpasse". Les prouesses artistiques de Raphaël provenaient principalement de son utilisation de la couleur, de la ligne et de la composition, qui empruntait aux maîtres anciens. Cependant, il avait une touche innovante distincte, et attirait les nouveaux artistes émergents. Néanmoins, son influence a été moins importante au cours du XVIe siècle qu'au cours des trois siècles suivants, stimulés par des maîtres comme Paul Rubens (1577- 1640). On pourrait arguer que la courte vie d'artiste de Raphaël et sa mort en 1520 ont empêché la promotion de son art au cours du XVIe siècle, contrairement à Michel-Ange. Son influence ne se fera sentir dans toute l'Europe qu'après une diffusion plus lente de son art, par le biais d'impressions reproductives réalisées après sa mort.

Aujourd’hui, on retrouve au sein de la Ville Eternelle les plus grandes et puissantes preuves du génie artistique de Michel-Ange et Raphaël qui ont été des piliers du développement de la Renaissance, et sans aucun doute du développement des sources d’inspiration pour les artistes baroques et maniéristes. Ainsi, un voyage à Rome ne peut être qualifié d’achevé sans avoir visité les fresques de Michel-Ange et de Raphaël à la chapelle Sixtine.


[1] Thompson, D., Raphael: The life and legacy, BBC, 1983, P.198

[2] Ibid, p.198

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